Une discussion a eu lieu au sein de la CTN au sujet des remontées rapides. Il a été discuté de l’opportunité, lors d’une plongée avec remontée rapide, de ne pas faire les 5′ à mi-profondeur, mais de suivre les procédures des ordinateurs.
Réunion CTN, septembre 2010 :
3.12 Procédure de réimmersion après une remontée rapide
Suite à la question posée lors de la CTN de juin 2010 concernant la réimmersion à mi-profondeur après une remontée rapide, la CTN a reçu l’avis du Dr Michel STRUYE, consultant en hyperbarie de la société SCUBAPRO-UWATEC, qui se termine ainsi :
« En ce qui concerne la réimmersion à mi-profondeur dans les 3 minutes, elle se fera dans le cadre de l’utilisation exclusive des Tables MN 90 et non avec les ordinateurs de plongée faute de documentation ou de conception adéquate. »
Toutefois, compte tenu d’une pratique largement répandue de réimmersion à mi-profondeur en cas de remontée rapide y compris pour les décompressions contrôlées au moyen d’un ordinateur, la CTN demande à la CMPN de prendre contact avec les concepteurs des différents protocoles de décompression assistée par ordinateur et de donner un avis sur l’opportunité d’une telle réimmersion. Avis souhaité pour la prochaine réunion de la CTN en janvier 2011.
La documentation des ordinateurs du marché montre que les algorithmes utilisés intègrent la gestion de la remontée rapide.
Je n’ai trouvé trace d’aucun avis définitif de la fédé sur la question, donc, en attendant, je suppose qu’on peut, soit continuer à faire les 5′ à mi-profondeur, soit pas…
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Mise à jour
Finalement j’ai eu l’avis de la Commission Médicale, par la voix de Bruno Grandjean. Elle indique qu’elle n’a pas les moyens de se prononcer car elle n’a pas connaissance de la manière précise dont les ordinateurs gèrent ce type de remontées.
La question de la procédure de réimmersion à mi-profondeur, tirée de l’utilisation d’une table, et adaptée à l’utilisation d’un ordinateur, est effectivement une question d’importance, mais la réponse ne sera pas tranchée, pour les raisons qui seront exposées ci-dessous.
Cette procédure de la table MN 90 n’est qu’une transposition de l’utilisation de la table GERS 65. On ne sait pas quel en est le rationnel initial, et on n’en connait pas de démonstration scientifique. Pour autant, cette procédure, largement appliquée, n’a jamais été remise en cause, et pour le moins, ne semble avoir été accidentogène. Par ailleurs, la remontée rapide est un facteur de risque mais ne constitue pas en elle-même un ADD.
Après une remontée à vitesse non contrôlée, le risque envisageable est celui d’un dégazage anarchique, à partir du secteur vasculaire veineux essentiellement. Il faut savoir d’ailleurs, pour alimenter la réflexion, que des micro-bulles intra artérielles ont été mises en évidence lors d’un processus normal de décompression.
Lors de la réimmersion, le risque de passage de bulles compressées au niveau des capillaires pulmonaires n’est sans doute pas le phénomène le plus à redouter, dans la mesure où cette réimmersion rapide a pour but de contrôler la formation des bulles. Ce n’est pas vraiment identique à un profil inversé, et après tout, un passage thérapeutique en caisson représente une situation relativement comparable : recompression de la bulle « accidentogène », mais aussi de toutes les bulles circulantes, en assurant une élimination progressive et « en douceur » de l’azote résiduel.
L‘idée d’une recompression après situation de procédure de décompression « hors norme », comme une vitesse de remontée trop rapide, en dehors de tout accident déclaré évidemment, est donc de limiter la part « anarchique » de la dénitrogénation induite.
Il est possible que certains ordinateurs intègrent, au moins en partie, dans leurs algorithmes, un allongement du temps de paliers en cas de remontée PARTIELLE trop rapide, mais à notre connaissance, aucun ordinateur ne propose de procédure de « rattrapage » (réimmersion à mi-profondeur ou autre) en cas de violation avérée de la procédure de décompression. On sait que ces algorithmes sont un secret jalousement gardés par les constructeurs. De plus, la notice de nombre des ordinateurs sur le marché précise même, vous le savez, qu’une plongée est recommandée sans palier, et que ceux indiqués en cas de « dépassement » du plafond d’azote autorisé ( c’est-à-dire la nécessité de palier), n’est donné qu’à titre indicatif et appliqué sous la seule responsabilité du plongeur !! Tout cela pour les raisons d’implication juridiques en cas d’accident que l’on devine aisément…C’est certainement cette logique qui conduit même certains fabricants à « bloquer » leurs ordinateurs en cas de remontée trop rapide à un mode de fonctionnement limité à un timer, se refusant à indiquer une quelconque procédure de décompression…
Même si tous les ordinateurs, dans les différents comparatifs publiés dans les revues de plongée, donnent en cas de plongée « carrée » des temps de décompression supérieurs à ceux d’une table (en référence la MN 90), cette marge de sécurité supplémentaire ne peut évaluée dans le cadre d’une remontée à vitesse non contrôlée. De plus, la CMPN ne peut avoir accès à tous les algorithmes de tous les fabricants pour connaître cette « marge » de sécurité prise par ceux-ci, ni l’évaluer appareil par appareil. D’autre part, il n’appartient à personne dans la FFESSM de porter des commentaires, a fortiori des recommandations sur l’utilisation d’un ordinateur en dehors du cadre indiqué par le propre fabricant, même s’il y a une part d’hypocrisie dans leur démarche.
En conclusion, dans l’état actuel de nos connaissances scientifiques, il n’est pas souhaitable de mélanger les deux procédures (tables et ordinateurs) :– si vous êtes attachés à la procédure de réimmersion à mi-profondeur, utilisez la table MN90
– sinon utilisez votre ordinateur habituel en respectant son mode d’emploi, car nous ne pouvons pas nous prononcer au-delà des usages notifiés par les fabricants eux-mêmes.
Je voudrais juste revenir sur cette phrase « Pour autant, cette procédure, largement appliquée, n’a jamais été remise en cause, et pour le moins, ne semble avoir été accidentogène. »
C’est certes exact du point de vue de l’ADD mais combien d’accident, voir de noyades mortelles, pour avoir voulu à tout prix faire une réimmersion à mi profondeur, qui plus est en moins de 3MN, sans avoir eu les moyens de la faire en sécurité ?
Pour moi, c’est donc réimmersion dans le cas d’un exercice foiré sans autres conséquences de sécurité et sans stress avéré des plongeurs et sinon c’est 1/2 heure de respiration d’O2.
Et si de plus l’ordi n’est pas content, ben il se calmera dans les 48H.